• «O ce besoin d'être unie à lui, de n'aimer que ce qu'il aimait, de connaître les livres qu'il aimait pour les lire et à son tour les aimer.» Belle du Seigneur (1968), Cohen

     

      Belle du Seigneur est un roman écrit par Albert Cohen et publié en 1968. L'œuvre reçoit le Grand Prix de l'Académie française, donc autant dire que je m'attaque à un monstre de la littérature.

     

    Mais qui est cet Albert Cohen ?
    Albert Cohen est né le 16 aout 1895 en Grèce. Issu de parents juifs, il est engagé en faveur du sionisme (pour faire simple, il s'agit d'une idéologie politique fondée sur un sentiment national juif). Albert Cohen est passionné par la littérature, il commence par écrire des poèmes, d'ailleurs dans ces romans on retrouve son écriture poétique, bien qu'ils soient écrits en prose.
     Il s'est marié trois fois. Sa première femme est morte d'un cancer et il a divorcé avec la seconde (et après on s'étonne qu'il ait une vision si pessimiste de l'amour !).

     

    Que dire de Belle du Seigneur à part qu'il m'a ensorcelé ?
     Je redoute toujours de lire un roman de cette envergure, de peur de ne pas le finir. Mais je dois bien avouer que celui-ci ne m'a pas laissé sur ma faim. La lecture est fluide, poétique. Albert Cohen a réussi à écrire un roman aussi long que bon. Plus on avance dans l'histoire, plus on est fasciné et à la fois terrorisé par l'amour. Car il s'agit bel et bien d'un roman sur l'amour. Cependant je préfère vous prévenir, ne vous attendez pas à une belle histoire romanesque. Non! Cohen va au-delà même de l'amour que nous pouvons imaginer. Il va jusqu'à l'amour obsessionnel, l'amour maladif, l'amour violent, dans lequel les deux héros vont plonger, sans savoir comment y sortir.
     Le lecteur comprend très vite que l'histoire d'amour entre Ariane et Solal est vouée à l'échec. Ils ne savent pas comment s'aimer et c'est seulement lorsqu'ils sont séparés qu'ils y arrivent le plus. Les deux amants se détruisent au fur et à mesure.

     Pour vous faire un résumé très court du roman, c'est la rencontre, l'attente, la passion, l'ennui entre Solal et Ariane.
     Solal est un séducteur, il est conscient de son succès auprès des femmes. Malgré cela, il est dégouté par l'idée de l'amour à travers la beauté. Solal est un paradoxe à lui même, si bien qu'il n'arrive pas à être heureux.
     Ariane est une jeune femme mariée, très belle. Elle voue un culte à la beauté et veut être parfaite pour son ''seigneur''. Elle entretient plus sa beauté intérieur que l'amour à l'état pur qu'elle pourrait porter à son amant. Elle se veut une amante parfaite. Ces deux amants veulent entretenir la flamme sacrée de la passion, vivant ainsi dans le passé. L'ennui s'installe doucement, Solal est partagé entre l'amour tendre et l'amour passion. Ariane, elle, tient à combler cet ennui croissant. Leur amour va se dégrader pour finir aussi violemment qu'il avait commencé.

     L'histoire d'amour d'Ariane et de Solal détruit le mythe de l'amour idéal.

     

    Ma position


    J'ai adoré ce roman. Je cherchais depuis quelque temps un roman poétique, romanesque mais profond. Ce roman parfait je l'ai trouvé ! Avec Albert Cohen, on peut passer d'un monologue d'une dizaine de pages sans ponctuation (oui oui ! SANS PONCTUATION !) à une scène de dispute intense.
     J'ai donc dévoré ce roman au bord de la piscine (il faut un peu de temps et de patience pour lire ce pavé de 884 pages). Les personnages principaux et secondaires sont attachants et humains (personnellement j'ai un faible pour Mariette).
     Je conseille ce roman à tous ceux qui en ont assez des histoires d'amour bourrées de clichés. A tous ceux qui n'ont pas peur de s'aventurer et d'affronter des épreuves. Et enfin à ceux qui, comme moi, voyaient s'éterniser sur leur étagère ce roman (mais que dis-je ! Ce tableau de l'amour et de ses représentants.) et qui avaient l'appréhension de l'ouvrir. Je n'ai qu'une chose à vous dire : n'ayez pas peur, quand vous l'ouvrez, vous ne pouvez plus le refermer...

     

    Et l'adaptation cinématographique ?

     Pour vous faire une idée, quand j'ai regardé le film de Glenio Bonder, je venais juste de finir le roman donc l'histoire et les personnages étaient encore bien frais dans mon cerveau. Mis à part le fait que certains passages du roman n'apparaissent pas dans le bon ordre dans le film ou qu'ils n'apparaissent pas tout court (mais je peux bien évidemment comprendre que retranscrire des longs monologues où Ariane prend un bain n'est pas utile et intéressant pour le déroulement du film), j'ai été dérangée tout au long par les acteurs qui ne correspondaient pas à l'idée que j'avais des personnages d'Ariane et de Solal dans ma tête. Non pas que leur jeu soit mauvais (j'aime beaucoup Jonathan Rhys-Meyers et je trouve Natalia Vodianova magnifique), c'est juste que j'avais une autre image en tête qui ne correspondait pas avec celle que je voyais à l'écran. Sinon le film est plutôt fidèle à l'œuvre de Cohen, bien que je vous conseille de lire le livre plutôt que de voir le film. L'œuvre originale étant bien plus intéressante que son adaptation.

     


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